[LE MONDE] Emmanuel Macron s'est-il enfermé à l'Elysée ?

Rédigé le 15/01/2019


Par Le Monde - Publié le 15 janvier 2019 à 11h15 - Mis à jour le 15 janvier 2019 à 11h27
Alors qu’il est en déplacement dans l’Eure, de nombreux acteurs politiques et sociaux regrettent de ne pas pouvoir parler au président.

« Comment tu sens les choses ? » C’est devenu un rituel. Une marque de fabrique. Un tic hérité de son mentor, Henry Hermand, décédé en 2016, qui l’interpellait d’un sonore « alors, jeune homme ? » à chacune de leurs rencontres. Tous les soirs, jusque tard dans la nuit, Emmanuel Macron textote sur l’un de ses deux iPhone. Grâce à la messagerie russe Telegram, réputée inviolable, le chef de l’Etat consulte, sonde, interroge. C’est même devenu un jeu à l’Elysée : regarder à quelle heure le président était encore connecté à l’application pour savoir à quelle heure il s’est couché.

Ses interlocuteurs ? Sa garde rapprochée, évidemment, mais bien au-delà. « C’est comme ça qu’il prend le pouls du pays », assure l’un de ceux qui échangent avec lui. « Ce ne sont pas les stakeholders [parties prenantes] habituels mais des capteurs », abonde un conseiller. Rares sont pourtant ceux à connaître la teneur de ces discussions, sur lesquelles règne un épais brouillard. Même ses proches ne savent pas tout. Plusieurs ont été troublés d’apprendre récemment qu’Emmanuel Macron avait pu continuer d’échanger des SMS avec Alexandre Benalla bien après la crise de l’été 2018, alors qu’eux-mêmes assuraient le contraire à l’extérieur du Château.

Ces « discussions 2.0 » et le secret qui les entoure ne sont pas pour rien dans le procès en « bunkérisation » fait au chef de l’Etat, qui doit lancer le grand débat national à l’occasion d’un premier déplacement dans l’Eure, mardi 15 janvier. La critique est récurrente depuis les débuts de la Ve République. Mais elle est aiguë avec Emmanuel Macron, dont les « gilets jaunes » ne cessent de dénoncer la supposée « déconnexion ».

A écouter ses pourfendeurs, mais aussi certains de ses amis, l’ancien inspecteur des finances serait aujourd’hui isolé comme rarement l’ont été ses prédécesseurs. Rendu méfiant par l’affaire Benalla, lâché par plusieurs fidèles, surprotégé par son premier cercle, le président...

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